Entre Roissy et Paris, plan d’urgence pour l’autoroute A1. Urgent plan required.
Pose de caméras, limitation de la vitesse, aménagement paysager, rénovation de la chaussée, la portion de l’Autoroute A 1 de Roissy à Paris, gérée par l’Etat a grandement besoin d’aménagement . Le préfet de région présentera d’ici cet été des solutions pour réhabiliter cet axe délabré.
Des détritus, des déblais, des vieux panneaux d’affichage, des murs antibruit tagués, des talus, des campements illicites… Mal entretenue, laissée à l’abandon, la portion de l’autoroute A1 offre un bien triste spectacle aux touristes, hommes d’affaires et autres automobilistes qui arrivent de l’aéroport Roissy-CDG pour rouler jusqu’à la capitale. Entre ces deux points, 30 kilomètres qui donnent souvent une première image du pays.
Cette ancienne voie royale, transformée dans les années 1960 en autoroute, est une des plus fréquentées d’Ile-de-France. Le matin, 10.000 véhicules l’empruntent toutes les heures. La sonnette d’alarme a déjà été tirée par le Premier ministre, Manuel Valls, à la veille de la COP21, qui se déroulait en décembre 2015 au parc des expositions de Villepinte.
Depuis l’urgence d’une rénovation est encore plus palpable. Dans quelques mois, si tout va bien, la victoire de la candidature parisienne aux JO de 2024 attirera le regard du monde entier sur cet axe stratégique. Les infrastructures Olympiques s’installeront dans le 93. « Le gros du développement du Grand Paris se fera sur ce territoire, autour de Roissy, avec Europa City, Le Bourget », rappelle de son côté Damien Robert, directeur général de l’EPA Plaine de France, l’aménageur public du territoire.
L’entretien de cet axe routier incombe, comme la totalité des autoroutes sur le périmètre francilien, à l’Etat. Au-delà, les concessionnaires privés prennent la main. La Sanef gère le tronçon au-delà de Roissy, jusqu’à Lille. Le concessionnaire assure avoir « investi depuis dix ans 100 millions d’euros pour la rénovation de la chaussée entre Roissy et Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) ». Une enveloppe qui fait rêver les élus locaux et les acteurs privés. Et qui met sur la table la question de la privatisation de ces tronçons franciliens.
Caméras de surveillance
Conscient de l’urgence, l’Etat met un coup d’accélérateur. En mars 2015, 5 millions d’euros ont été débloqués pour nettoyer les abords de l’autoroute A1 – et les autoroutes nord-franciliennes –, pollués par des dépôts sauvages de déchets. En septembre, nouveau déblocage de crédits. « Sur l’année 2015, nous avons consacré au total 15 millions d’euros pour nettoyer, élaguer les arbres, changer les glissières et rénover la chaussée », rapporte Eric Tanays, directeur des routes d’Ile-de-France (DiRIF). S’y ajoutent une enveloppe de 3 millions l’an dernier et autour de 5 millions en 2016 pour requalifier « les parties de chaussée les plus endommagées » des autoroutes.
Dégager la vue
Le préfet de région, Jean-François Carenco, attend pour cet été le rapport final de l’EPA Plaine de France, issu des travaux de l’Apur et de l’IAU-IDF, qui ont été priés de rafraîchir leurs études sur le sujet. Dans une note publiée en janvier, l’Apur, au côté de la Driea (Direction régionale et interdépartementale de l’équipement et de l’aménagement), a dégagé un plan d’action sur 2016-2020 sur les autoroutes du Grand Paris. Il prévoit un renforcement paysager, la prévention des décharges sauvages et des occupations illicites, sans oublier l’aménagement des entrées de ville ou la réduction de la congestion du réseau. « Des mesures concrètes existent pour l’A1 : dégager les vues qui permettent depuis Roissy de voir la tour Eiffel ou la tour Montparnasse, signaler les lieux majeurs comme Le Bourget ou les parcs par des œuvres d’art, décorer de fresques ou d’éclairages les tunnels et les murs antibruit », détaille Pauline Zeiger, coauteur du rapport de l’IAU-IDF. La question de la sécurité sera aussi centrale. Le plan prévoit la pose de caméras de surveillance pour éviter les dépôts d’ordures sur les bas-côtés, et l’harmonisation à la baisse des réductions de vitesse pour coller aux 70 kilomètres-heure du périphérique parisien.
Projet de voie dédiée aux bus et aux taxis
Il s’agit aussi d’impliquer les propriétaires privés installés le long des abords. « Ce n’est pas qu’un sujet public. Il faut mobiliser les entreprises concernées », insiste Damien Robert. Elles n’ont pas attendu pour le faire. L’association Paris Ile-de-France Capitale économique, qui organise ce jeudi un colloque sur le Grand Paris, où interviendra le préfet de région, planche dessus depuis des mois. Un focus sur le développement du Grand Roissy fera la part belle à cette question majeure de l’A1. Ce regroupement d’acteurs privés plaide entre autres pour la mise en place d’une voie dédiée aux bus et aux taxis tout le long de l’A1. Quitte à ce que cette dernière soit payante.
A l’entendre, la réalisation est proche. Cela fait plus d’un an que Renaud Donnedieu de Vabres, ex-ministre de la Culture , qui a depuis créé sa société de projets culturels, RDDV Partner, s’est donné pour mission d’embellir cet axe autoroutier. Son idée : en faire « une galerie d’art vue par 120 millions de visiteurs, le nombre d’automobilistes qui passent tous les ans par l’autoroute », explique-t-il. Le tunnel du Landy serait rendu méconnaissable. Le plafond de ce long tuyau de 1.357 mètres de long qui relie la porte de la Chapelle au Stade de France serait éclairé par des décors inspirés de Versailles, des graffiti contemporains ou des photographies d’espaces paysagers. Des panneaux numériques diffusant les mêmes images se succéderaient également sur les abords de l’autoroute et le terre-plein central. « Pour des questions de sécurité, l’idée n’est pas d’utiliser des vidéos mais des images répétitives comme lorsque l’on passe le long d’une allée d’arbres », explique Renaud Donnedieu de Vabres, qui a travaillé avec l’architecte Jean-Michel Wilmotte sur le projet.Ces mises en valeur seraient confiées à de jeunes talents issus des écoles d’art de Seine-Saint-Denis ou d’ailleurs. « On peut y projeter tout ce que l’on veut : des logos aux couleurs Olympiques lors de la venue des officiels, des images du Brésil en cas de visite présidentielle », imagine l’ex-ministre.Dans deux mois, une première expérimentation sera faite en grandeur nature pour un coût de « 350.000 euros » que l’Etat devrait débloquer à défaut de l’entreprise mécène qui l’a lâché au dernier moment. La transformation radicale du tunnel de la Croix-Rousse, à Lyon, dont les parois servent d’écrans de projection sous fond d’ambiance sonore, a été source d’inspiration. Le financement du projet – pas encore chiffré pour l’instant – se ferait via des fonds publics et privés. « Les entreprises mécènes privés pourront être intéressées à utiliser les abords de l’autoroute pour être remerciées », glisse le patron de RDDV Partner.L’idée pourrait se dupliquer. Rien que sur l’A1, ce ne sont pas moins de sept tunnels qui s’enchaînent. Soit au total, près de 11 kilomètres de fermeture pour les automobilistes. Son projet intéresse aussi les autres tronçons autoroutiers franciliens. A la demande du préfet de région Ile-de-France, RDDV Partner planche actuellement sur un projet identique à mener sur l’A6, entre l’aéroport d’Orly et Paris.
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