La grande parade interceltique rassemble 60.000 personnes à Lorient
Publié le 08/08/2016 à 09H38
© JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
La traditionnelle grande parade du festival interceltique de Lorient, qui se déroule jusqu’au dimanche 14 août, a rassemblé dimanche quelque 60.000 personnes sous un soleil radieux, avec comme invité exotique un éléphant pour rappeler la naissance de la ville il y a 350 ans sous l’égide la Compagnie des Indes. L’invité de cette 46e édition est cette année l’Australie.
78 groupes de 3.500 artistes
Emmenés par le bagad (groupe de musique traditionnelle bretonne) de Lann-Bihoué – de la Marine nationale -, cercles de danse et bagadoù ont défilé depuis le port de pêche de Lorient jusqu’au stade du Moustoir. Une parade de 2,5 km, à laquelle ont participé 78 groupes et près de 3.500 artistes, à un pas très rythmé malgré la chaleur.
Depuis le port de pêche, les spectateurs – 60.000, selon les organisateurs – se sont pressés comme chaque année pour ne rien manquer de ce grand-rendez vous des nations celtes. Pour mieux en profiter, des spectateurs étaient juchés sur des escabeaux, comme certains fans du Festival de Cannes devant le tapis rouge pour voir défiler les stars.
Une jeune femme de 25 ans, originaire de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), a revêtu pour l’occasion un kilt décoré du tartan (étoffe de laine, ndlr) irlandais. “Tout l’univers celtique est représenté, pas seulement les Bretons, on retrouve nos cousins d’un peu partout dans le monde”, confie à l’AFP cette “passionnée de l’Irlande”, un béret à carreaux sur la tête.
Accompagnés par le chant obsédant des cornemuses, des commentateurs s’appliquent à retracer l’histoire de chaque bagad, racontant ses meilleures anecdotes. Saint-Malo est ainsi connu pour défiler, comme chaque année, avec son emblématique boxer en tête. Comme souvent en Bretagne, même les petits villages d’un millier d’habitants ont leur propre ensemble musical.
Côté sécurité, le contrôle visuel des sacs est systématique pour accéder à la parade. Des plots en béton et des fourgons empêchent également l’accès des rues transversales. “On n’est pas habitués à voir des policiers mais c’est quand même un événement très festif”, commente un Rennais de 35 ans.
Une “celtitude” éternelle
Certains des artistes n’ont pas plus de 4 ou 5 ans. Vêtus d’un costume traditionnel, dont les broderies colorées éclatent au soleil, ils soufflent déjà à pleins poumons dans leur bombarde.
Le bagad de Lorient, qui a remporté samedi la seconde place de sa catégorie au championnat national des bagadoù, récolte les applaudissements nourris du public. Parmi ses membres, un petit garçon court en frappant son tambour pour rattraper ses acolytes.
© JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
Outre la musique des bombardes, cornemuses, caisses claires et accordéons, beaucoup de spectateurs sont aussi là pour apprécier le grand défilé des costumes traditionnels. Ils sont la réplique des costumes portés au XVIIIe ou XIXe siècle en Bretagne, mais aussi dans les Asturies, en Galice, Cornouailles, Écosse ou Irlande.
“C’est une belle découverte pour moi, confie une adolescente de16 ans, originaire de Guyane. C’est très intéressant de voir comment ils s’habillaient à l’époque. Ce qui me plaît, ce sont les jupes longues”. Parmi les coiffes en dentelle, énormément de variantes, de la plus sobre à la plus sophistiquée, même si les bigoudènes, les plus célèbres de toutes, sont peu représentées.
Un membre du cercle de Landrévarzec (Finistère), tient à détailler pièce par pièce son costume : gouriz (ceinturon de cuir), chupenn (veste courte), bragou (pantalon bouffant) et guêtres. Quant au chapeau, ses guides (rubans) permettent de savoir si le danseur est marié ou célibataire, selon qu’ils sont brodés ou non.
Les danses sont tout aussi variées que les costumes, entre quadrilles, avant-deux et gavottes. “Ça a l’air si facile, alors qu’en réalité, c’est très compliqué de défiler en dansant”, remarque un touriste italien qui a tenu à inclure la grande parade dans son tour de France.
Parmi les jeunes présents, certains revendiquent de pied ferme l’héritage celtique. “Ce n’est pas démodé, ça permet au contraire de rassembler les gens. Tout le monde est captivé”, assure un jeune homme de 19 ans.