publication de Gallimard.
En hommage à Jean d’Ormesson disparu cette nuit, les Éditions Gallimard vous invitent à relire ce poème d’Aragon qui avait inspiré les titres de plusieurs de ses livres.
C’est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midis d’incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes
Rien n’est si précieux peut-être qu’on le croit
D’autres viennent Ils ont le cœur que j’ai moi-même
Ils savent toucher l’herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s’éteignent des voix
D’autres qui referont comme moi le voyage
D’autres qui souriront d’un enfant rencontré
Qui se retourneront pour leur nom murmuré
D’autres qui lèveront les yeux vers les nuages
Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l’aube première
Il y aura toujours l’eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n’est le passant
C’est une chose au fond que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont en eux
Comme si ce n’était pas assez merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si tendre
Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu’à qui voudra m’entendre à qui je parle ici
N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle
On finit par croire que certains hommes sont immortels. Membre de l’Académie française depuis 1973, Jean d’Ormesson incarnait à la fois l’élégance de l’homme de lettres et l’excellence de notre pays. Sa gaieté, son humour, sa culture et sa malice vont nous manquer.
Son talent littéraire était tel que son oeuvre était entrée, de son vivant, dans la Pléiade. C’était la démonstration qu’il était un formidable passeur, un ambassadeur pour la langue et l’esprit français.
Journaliste, chroniqueur, écrivain, philosophe… Jean d’Ormesson était aussi un personnage et une conscience politique. Engagé aux côtés de Valéry Giscard d’Estaing, puis proche de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, il était surtout un fidèle gaulliste et revendiquait sa filiation d’homme de droite.
Directeur général du Figaro entre 1974 et 1977, il a toujours continué à écrire de superbes chroniques empreintes d’une culture phénoménale.
En un mot, Jean d’Ormesson était un homme libre qui faisait ce qui l’amusait avec optimisme et une certaine joie de vivre. « Je dirai malgré tout que cette vie fut belle ». Son dernier livre résonne comme une épitaphe.
Les Français avaient la passion de cet homme. Avec lui, c’est une certaine idée de la France qui disparait.
Les dernières lignes écrites par Jean d’Ormesson, découvertes sur son bureau
Mis à jour le 08/12/2017 à 15H24, publié le 08/12/2017 à 10H36
© Philippe Lavieille / PhotoPQR / Le Parisien / MaxPPP
“Et moi qui m’imaginais devoir vivre pour toujours, qu’est-ce que je deviens ?” La fille de Jean d’Ormesson, Héloïse, a présenté jeudi soir dans “La Grande Librairie”, sur France 5 les dernières phrases écrites par l’écrivain et académicien mort dans la nuit de lundi à mardi.
Héloïse d’Ormesson, “pas triste” mais “très émue”, présente la dernière page écrite par son père :
Il s’agit de la fin du manuscrit du tout dernier livre de Jean d’Ormesson. Il l’a terminé samedi.
Les lignes manuscrites ont été trouvées sur le bureau de l’académicien, a expliqué sa fille Héloïse d’Ormesson, à l’occasion de l’émission spéciale de La Grande Librairie, l’émission littéraire du jeudi soir sur France 5.
Un hommage national était organisé ce vendredi à l’auteur d'”Au plaisir de Dieu”. Il débute à 10H30 par une messe célébrée en la cathédrale Saint-Louis des Invalides à Paris. C’est l’académicien Jean-Marie Rouart qui doit prononcer l’éloge de son ami immortel disparu à l’âge de 92 ans. La cérémonie religieuse sera suivie à midi par un hommage national dans la cour d’honneur des Invalides présidé par le président Emmanuel Macron.