Sonde InSight sur Mars : “C’est très émouvant, on obtient des photos d’un lieu jamais vu par l’homme”. “It’s very emotional, we’ll get photographs of the place never seen by mankind”.
“Il va y avoir des vérifications pour savoir si tous les instruments sont encore en bonne santé après cet événement extrêmement violent qu’est la descente dans l’atmosphère et l’atterrissage”, explique le planétologue et astrophysicien François Forget.
franceinfo : est-ce que vous pouvez nous dire ce qui se passe depuis près de 24 heures maintenant, depuis l’atterrissage ?
François Forget : Il y a eu pas mal de choses, même si tout prend du temps. Déjà, tout s’est bien passé, on en a eu la confirmation. La sonde s’est bien posée comme prévu face au Sud. Les panneaux solaires, qui sont très importants, ont été déployés. Ils sont en forme d’éventail, flexibles, et font plus de deux mètres de diamètre, donc ça y est, on a plein d’énergie. On a aussi obtenu des photographies : on a deux caméras sur cette sonde et on a pu voir le site, qui est un terrain désertique, assez caillouteux mais dégagé juste devant la sonde, ce qui est important pour qu’on puisse poser des instruments.
Même si 25 sondes se sont déjà posées sur Mars, il y a encore une fascination à voir les premières photos d’une sonde qui s’est posée…
Oui, c’est très émouvant parce que c’est l’exploration : on obtient des photos d’un lieu jamais vu par l’homme et à chaque fois, il y a une surprise. Là, par exemple, le site est un peu étonnant. On est ailleurs, la sonde vient de passer sa première nuit à -80°C, on suit ça, et on a tout un long programme d’installation de toutes les expériences scientifiques dans les semaines et mois à venir. Dès cette semaine, il va y avoir des vérifications pour savoir si tous les instruments sont encore en bonne santé après cet événement extrêmement violent qu’est la descente dans l’atmosphère et l’atterrissage. Et progressivement, on va installer les deux grands instruments principaux : le sismomètre français et un système de sondage allemand qui doit être déployé devant la sonde, et ça peut prendre deux à trois mois. Puis pendant les deux mois qui vont suivre, cette sonde thermique allemande va pénétrer dans le sol, jusqu’à cinq mètres, et pendant ce temps on va régler finement le sismomètre français, qui est un bijou de technologie.
Les panneaux solaires peuvent-ils fonctionner correctement, même s’il y a des nuages, des averses ?
Ce qui est vraiment dangereux au niveau météo sur Mars, plus que les nuages, ce sont les tempêtes de sable ou de poussière. Certaines saisons, on a beaucoup de poussière dans l’atmosphère et il y a encore quelques semaines, il y a eu une tempête énorme de poussière qui a complètement obscurci le ciel. Il y a actuellement un autre robot en ce moment à la surface de Mars, Opportunity de la Nasa, et il est tombé en panne avec ses panneaux solaires car il manque d’énergie. Depuis plusieurs semaines, on attend qu’il nous recontacte quand ses batteries se seront remplies. Donc c’est un danger qui guettera aussi InSight pendant sa vie à la surface de Mars.
DIRECT. La sonde InSight envoie sa première photo de la surface de Mars
Comme prévu, la sonde américaine a effectué sa descente sur Mars à partir de 20h47, heure de Paris, à 20 000 km/h. As expected, the US probe started it’s descent towards Mars at 19h47 (Irish) at 20,000 Km/hr.
Ce qu’il faut savoirSept ans de travail, sept mois de voyage dans l’espace, sept minutes d’angoisse et un succès : la sonde américaine InSight a enfin touché, lundi 26 novembre, la surface de Mars, à l’issue d’une descente à haut risque. Comme prévu, InSight a abordé l’atmosphère de la planète rouge à 19h47 GMT (20h47 à Paris), de manière très oblique pour éviter de voler en éclats. Un événement à suivre en direct sur franceinfo.
Une première depuis 2012. C’était la première fois, depuis le véhicule Curiosity de la Nasa en 2012, le seul encore actif sur Mars, qu’un engin tentait de se poser sur cette planète voisine de la Terre. Seuls les Etats-Unis ont réussi à y poser des robots. L’URSS a écrasé plusieurs atterrisseurs, tout comme les Européens, récemment en 2016.
Une approche délicate. InSight a abordé l’atmosphère de Mars à 19h47 GMT. La sonde s’est déplacée à environ 20 000 km/h, soit trois à quatre fois plus qu’une balle de fusil, et visait un rectangle de 10 km sur 24 km. Quatre minutes et une centaine de kilomètres plus bas, un parachute s’est ouvert automatiquement, freinant brutalement la descente. Puis, une fois largué le bouclier thermique, l’atterrisseur a déployé ses trois jambes et le parachute s’est détaché.
Un programme chargé. La sonde doit écouter et scruter l’intérieur de Mars pour tenter de percer les mystères de sa formation, voici des milliards d’années. InSight est notamment équipée d’un sismomètre de conception française, SEIS, qui sera posé directement sur le sol de Mars et écoutera ses plus infimes vibrations : ondes de choc des météorites, tremblements de terre, craquements des couches rocheuses, peut-être même mouvements du magma profond… Des connaissances qui permettront dans un second temps de mieux comprendre la formation de la Terre, la seule planète rocheuse dont nous avons réellement étudié l’intérieur jusqu’à présent.
Nasa : la sonde InSight s’est posée sur Mars
Pari réussi pour la Nasa : la sonde InSight s’est posée sur Mars avec succès. Elle va pouvoir percer plusieurs mystères de la fameuse planète rouge.
Pendant plusieurs mois, la sonde InSight va analyser dans les moindres détail, le sol et le sous-sol de la planète rouge. Elle pourra compter sur un sismomètre de conception française, chargé de percevoir les plus infimes mouvements de la surface. Lundi 26 novembre, la Cité des sciences de la Villette (Paris) a vécu en direct les six minutes cruciales de l’atterrissage, avant d’exulter. Une prouesse technique et une première depuis six ans. Au premier rang se trouvaient les scientifiques français qui ont participé à la mission.
Des hommes sur Mars dans les années 2030
“Ce n’était pas gagné d’avance parce que c’était un atterrissage à haut risque. Elle est arrivée à 20 000 km/h, il fallait avoir le bon angle d’attaque”, souligne Annick Sylvestre-Baron, chef de projet au Cnes (Centre national d’études spatiales). Les résultats devraient permettre de comprendre l’évolution de Mars et de mieux préparer de futures missions habitées. La Nasa espère envoyer les premiers hommes sur la planète rouge dans les années 2030.