Quatre questions autour de “P9”, la possible “neuvième planète” de notre système solaire
Des anomalies dans les orbites de certains objets célestes font penser qu’il existe, très loin dans notre système solaire, une planète glacée jusque-là indétectée.
Anomolies surrounding the orbits of some celestial objects makes one think do they exist, huge distances from our solar system. One such ice planet has just been found.
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A la recherche de la “neuvième planète“. Amateurs ou professionnels, les astronomes sont sur les dents. Car des anomalies dans le tracé de certaines orbites laissent penser qu’il existe, dans notre système solaire, une planète glacée jusque-là non détectée. Pour en retrouver la trace, la Nasa a lancé, mercredi 15 février, un site participatif. Le mystère vous donne envie de regarder les étoiles ? Franceinfo résume ce que l’on sait de ce trésor potentiel.
Quels sont les indices de son existence ?
En 2016, des astronomes américains ont observé que les orbites de certains objets très éloignés semblaient affectées par un phénomène inconnu. En guise d’explication, ils ont émis l’hypothèse qu’il existait une “neuvième planète”, ou “planète X” dans le système solaire, dont la gravité modifierait la trajectoire des objets observés. Et ils sont allés jusqu’à lui donner quelques caractéristiques : “Il y a un an, Mike Brown et Konstantin Batygin, planétologues de l’Institut de technologie de Californie, ont prédit, à partir de l’étude d’une poignée d’objets célestes très lointains, l’existence possible d’une planète géante, dix fois plus massive que la Terre, quelque part très au-delà de l’orbite de Neptune”, souligne Le Monde.
Pour l’heure, personne ne connaît son éventuelle position. Mais l’hypothèse est prise au sérieux par des chercheurs loin d’être des plaisantins. Le Monde cite ainsi Jacques Laskar, directeur de recherche au CNRS, ou encore Agnès Fienga, de l’Observatoire de la Côte d’Azur, qui se sont “investis dans cette traque de la planète X”.
Qui recherche “P9”, et comment ?
Mais ils ne sont pas seuls à se lancer à la recherche de “P9”. Il y aurait au moins quatre équipes sur le coup, toujours selon Le Monde. Et certains rêvent déjà d’une découverte dans les trois prochaines années, même si l’horizon 2022 est plus réaliste. Pourquoi ces cinq ans d’attente ? Parce que, poursuit le journal, c’est la date d’installation, “dans les Andes chiliennes, du Large Synoptic Survey Telescope” (LSST) : “D’un diamètre de 8,4 mètres et équipé de la plus grande caméra numérique du monde, cet instrument international, capable de réaliser en trois nuits un balayage complet du ciel austral, sera (entre autres) en mesure de repérer, en un temps record, les objets les moins lumineux du Système solaire.” Et donc P9, si elle existe.
Dans cette course à la neuvième planète, la Nasa recourt, elle, au travail “collaboratif” (et gratuit). Pour résoudre l’énigme, l’agence spatiale américaine a en effet mis en ligne des images enregistrées par son télescope Wise (en anglais). Et demande à tous les passionnés du ciel, amateurs ou professionnels, de les passer au peigne fin pour détecter la présence de l’astre. Le ciel est pédagogiquement découpé en courtes animations, qui montrent l’évolution d’une région sur plusieurs années. Si un participant repère un objet en mouvement, il peut le signaler aux chercheurs, qui se pencheront sur le cas.
“Un peu plus de quatre années-lumière séparent Neptune et Proxima du Centaure, l’étoile la plus proche, et une grande partie de ce vaste territoire est inexplorée, explique Marc Kuchner, astrophysicien à la Nasa. “La lumière du Soleil est faible, et même les grands objets sont difficiles à voir. Mais avec l’infrarouge, le télescope Wise a peut-être enregistré les images d’objets que nous aurions manqués sinon”.
Mais pourquoi parle-t-on de “neuvième planète” ?
Pourquoi une neuvième planète ? Parce que notre système solaire ne compte plus que huit planètes : Mercure, Vénus, la Terre (la nôtre), Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Jusqu’en 2006, Pluton était également considérée comme une planète, rappelle le magazine spécialisé Sciences et Avenir, avant d’être déclassée par l’assemblée générale de l’Union astronomique internationale en planète naine, malgré l’opposition des Américains.
La raison de cette chute ? “Pluton, expliquait le magazine, est bien, comme les planètes, en orbite autour du Soleil et d’une masse telle que sa forme est à peu près ronde, mais un argument rédhibitoire selon la majorité des astronomes est qu’elle n’a pas ‘nettoyé’ son environnement des corps qui sont sur une orbite voisine. En effet, sa force gravitationnelle n’est pas suffisante pour soit attirer (et agglomérer) les corps autour d’elle, soit les repousser au loin”. Avec l’élimination de Pluton, si une nouvelle planète était découverte dans notre système solaire, elle serait donc la neuvième. D’où le nom “P9” qui lui est parfois donné.
Quel serait l’impact d’une telle découverte ?
D’abord, le plaisir de voir corroborer une intuition, que rien n’atteste pour l’instant. La découverte d’une nouvelle planète dans le système solaire est “un événement si rare qu’elle aurait une portée historique”, affirme Alessandro Morbidelli, chercheur à l’Observatoire de la Côte d’Azur, dans Le Monde. La Nasa a également promis aux participants amateurs de les créditer avec les chercheurs, si la traque se conclut par une publication scientifique.
Et sinon ? “Le projet Backyard Worlds : Planet 9, potentiellement, peut donner lieu à des découvertes extraordinaires, commente Aaron Meisner, chercheur à l’université de Californie. “En observant ce corps, on pourrait, par exemple, déterminer s’il est originaire de notre Système solaire ou venu d’ailleurs, explique Alessandro Morbidelli. Soit sur la manière dont les planètes géantes se sont formées, soit sur les caractéristiques de l’amas stellaire dont est issu le Soleil.”