VRAI ou FAUX ? Comment le réchauffement climatique modifie le vin. TRUE or FALSE? How will global warming affect wine?
Par Oanna Favennec, France Bleu Auxerre, France Bleu Béarn, France Bleu Bourgogne, France Bleu Gascogne, France Bleu Gironde, France Bleu Pays Basque, France Bleu Périgord, France Bleu Toulouse et France Bleu vendredi 30 septembre 2016 à 15:00
Les vins sont de plus en plus forts en alcool. On vendangera bientôt en juillet, la faute au changement climatique. Info ou intox ? Réponse à cinq questions en vidéo avec Nathalie Ollat, de l’Institut des sciences de la vigne et du vin à Bordeaux, qui a accepté de se prêter au jeu pour France Bleu.
Wine is developing stronger in alcohol content. Will the harvest soon be in July, due to climate change. Just useful information or intoxification? Five questions for Nathalie Ollat, an engineer at the Scientific Institute for Bordeaux vines and wine, on France Bleu Radio.
Dans 30 ans, on ne boira probablement pas le même vin que maintenant. Mais à quoi ressemblera-t-il ? Comment le climat change-t-il le vin ? Nathalie Ollat vous répond. La scientifique, ingénieur à l’Inra, officie à l’Institut de la Vigne et du Vin à Bordeaux. Pendant plusieurs années, de 2012 à 2015, elle a coordonné le projet Laccave, impliquant 23 laboratoires de recherche disséminés dans toute la France, sur l’impact du réchauffement climatique sur la vigne et le vin.
In 30 years we will probably not be drinking the same wine as now. But what will it resemble? How will the climate change the wine? From 2012 to 2015 Nathalie Ollat has co-ordinated a team of 23 laboratories researching throughout France, on the Laccave project, the impact of global warming on the vine and wine.
1. Le vin est de plus en plus alcoolisé. Wine is gaining in alcohol strength.
VRAI. “Surtout depuis le début des années 2000, on observe une teneur en sucre plus importante du raisin à la vendange, et cela conduit à des vins plus alcoolisés“, explique Nathalie Ollat. Par exemple, le vin du Languedoc a pris environ 1 degré d’alcool par décennie depuis 20 ans. Mais la scientifique tempère : “Le changement climatique en est responsable en partie, mais d’autres raisons, liées à des pratiques de culture, des rendements plus faibles, font que cette teneur en sucre augmente.” En revanche, la “tendance ne peut que s’accentuer”, selon Nathalie Ollat.
TRUE. “Overall since the early 2000’s a greater content of sugar is noticed in the grape at the harvest, and this is driving higher alcohol wines”, explained Nathalie Ollat. For example, Languedoc wine has gained approximately 1% alcohol per decade during the past 20 years. But science cautions: “Climate change is in part responsible, but other reasons, linked to the cultivation practices, lessening output, makes sugar content increase. (Less rain/water/drought, more heat).” On the other hand, “the trend can not but go in one direction.” According to the expert.
2. Le goût du vin va rester le même. The taste stays the same.
FAUX. La scientifique détaille trois raisons : “Déjà, une teneur en alcool plus élevée aura des conséquences sur le goût.” Deuxième raison : “Si la teneur en sucre augmente dans les raisins, l’équilibre entre le sucre et les acides sera modifié. Cela influe sur la qualité et la conservation du vin, et donc sur le goût.” Enfin, selon Nathalie Ollat, “les molécules qui conduisent aux arômes et à la couleur sont très sensibles au climat”. Si on récapitule, cela donne donc pour le futur des vins avec un goût d’alcool plus prononcé, moins acides, plus fruités, et qui seront destinés à être bus plus jeunes.
FALSE:
Science details three reasons: -“Already the raised alcohol content will have an effect on the taste”. -The second reason: “If the sugar content increases in the grapes, the sugar/acid equilibrium will be changed. This influences the quality and the conservation (length of time to keep), and so also the taste.” -Finally, according to the expert, “the molecules which drive the aromas and the colour are very sensitive to climate”. To sum up, this affects the future of the wines with a pronounced alcohol taste, less acidic, fruitier, and will be destined to the consumed younger (quicker).
3. On vendangera bientôt en juillet. Harvest will be in July.
VRAI. L’Inra a déjà observé qu’en 30 ans, les vendanges avaient été avancées de deux à trois semaines. Et elles risquent de continuer sur la même voie, selon Nathalie Ollat : “Les dates de développement des organismes vivants, et donc de la vigne, dépendent de la température. Plus il fait chaud, plus ça s’accélère. Donc les simulations des climatologues laissent penser qu’on vendangera 20 à 40 jours plus tôt, selon les régions“ d’ici la fin du XXIe siècle, explique la scientifique. Nathalie Ollat reste toutefois prudente : “Ceci dit, dans certains cas, des températures très élevées peuvent bloquer le développement de la plante et ralentir l’avancée des stades. Un collègue l’a observé : si on applique au raisin une température très élevée avant qu’il ne mûrisse, ça retarde le début du mûrissement. C’est encore quelque chose sur lequel il faut faire beaucoup d’expérimentations avant de pouvoir répondre de manière tranchée.” TRUE: In the past 30 years Inra has observed that the harvest has advanced by two or three weeks. There is a risk that this will continue, according to Nathalie Ollat: The progression of the live culture, and so of the vine, depends on temperature. And if it is warm, it accelerates.
La Bretagne deviendra une terre de vin
VRAI. A quand le petit blanc breton ou le mousseux anglais ? “Il y a déjà des vignes en Bretagne, le vignoble du sud de l’Angleterre est en train de grandir, on en trouve même une petite dizaine d’hectares en Suède !”, explique Nathalie Ollat. “Les conditions pour obtenir des vendanges mûres régulièrement commencent à être rencontrées plus au nord de la France et plus au nord de l’Europe”, poursuit-elle. A noter : en Bretagne, on produit déjà 1.000 litres de vin par an. Mais les viticulteurs sont tous amateurs. Il est d’ailleurs pour l’instant interdit de planter de la vigne dans le Finistère, les Côtes-d’Armor et l’Ille-et-Vilaine.
Les scientifiques n’ont pas de solution
FAUX. Pas de panique, les scientifiques ont pris les choses en main. Ils n’ont évidemment pas trouvé qu’une solution, mais un ensemble de choses à combiner. Nathalie Ollat détaille des moyens techniques, développés dans le cadre du projet Laccave, qu’elle a coordonné : “Changer l’encépagement (NDLR : les cépages qui sont plantés pour obtenir le vin), ou rechercher par exemple des levures qui à partir du même taux de sucre, fabriquent moins d’alcool…” La scientifique poursuit en donnant d’autres exemples, parlant même d’éventuellement “déplacer certains vignobles plus au nord”. Les professionnels du vins auront donc une large palette de solutions dans lesquelles piocher.
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